La parole est libre et sauvage. Elle tranche et clame dans un jaillissement. Il est à propos de ralentir et écouter. Pour enfin s’écouter parler, s’écouter dire, alimenté par une source infatigable sans une once de prévision ni d’emprise personnelle.
Attenant à la magnificence, la prose se dépose et fait germer un sentier nouveau. Abreuvée, la puissance s’affirme et retrouve son ampleur. Incisive, le surplus ciselé.
Aiguiser l’attention par la clarté.
Voilà une tâche impériale à laquelle nous sommes conviés. Travailler sans relâche le sentiment divin. Maintenir et nourrir le lien. Huiler l’esprit comme on nourri le bois.
Pour qu’apparaisse la conviction et qu’enfin s’enracine la source. S’installant indéniablement comme seule actionnaire de notre univers. Viscéralement fixée en soi. En marge de cela, aucune autre voie que celle du gouffre, peu importe l’illusion du choix.
Alors pour éviter l’abime, cette béance sans fond façonnée par l’avarice, il s’agit de prendre de la hauteur. En effet, le labyrinthe n’a pas de toit, il est à ciel ouvert. Ne l’oublions pas.
Un simple regard sur l’origine de l’acte peut anéantir une destinée de souffrance. Quand le pas est immobile, il n’engendre que le silence. En toute innocence, la source s’écoule sans fracas.
Mais alors, ai-je le pas silencieux ou fracassant ?
Marine Bernard