Souffrance

La souffrance s’invite à nos portes lorsque nos pensées vagabondent vers un de ces trois désirs : être autre chose, faire autre chose ou être ailleurs. La quête de sens annihile le présent, et ces errances nous amputent de la vie qui s’étend à nos pieds. Qu’on se le dise, la vie n’a pas de sens si ce n’est elle-même.

En vérité, le sens de la vie c’est la vie nue.

La souffrance s’immisce lorsque le présent est ainsi renié, lorsque les cartes en nos mains sont rejetées par immaturité. Il nous est impensable de vivre selon les spécificités offertes, persuadés d’être désavantagés. Et pourtant, aucune échappatoire ni aucun ailleurs salutaire. C’est certain, personne ne viendra nous sauver de nous-mêmes.

Alors, comment épouser ce qui nous soulève le cœur et nous tord les viscères ? Comment traverser glorieusement les eaux boueuses de nos existences ?

Approchons-nous du mot souffrance et de sa racine latine « sub », qui signifie « sous » et « ferre », qui signifie « porter ».

Souffrir, à savoir « porter sous », peut impliquer une notion d’écrasement chargée de lourdeurs avec l’apparition terne de l’homme courbé qui peine à porter son existence celle-ci représentée par une énorme sphère prête à s’écraser sur lui. Cependant, si l’on change de perspectives et que l’expression « porter par-dessous » s’assimile à soutenir ou maintenir, l’émanation du verbe souffrir est totalement différente. Vous l’entendez aussi ?

Soutenir implique un élan d’approbation, c’est porter par-dessous mais pas n’importe comment. C’est être totalement avec. Être en accord et s’engager de toutes ses forces pour maintenir l’objet que l’on soutient. L’image qui s’élève est celle-ci : une main portant une sphère dans sa paume, elles s’épousent parfaitement l’une l’autre. Il y a une notion de choix, d’engagement et d’implication. C’est pourquoi, afin de passer de souffrir à soutenir, il nous faut sortir d’une soumission étouffante et cesser définitivement de subir les événements. Se relever, se redresser et épouser. Basculer d’un paradigme à l’autre change radicalement notre approche de la vie, et nous amène tranquillement vers la transcendance.

En effet, la transcendance c’est prendre une voie de glorification, traverser l’épreuve victorieusement et surpasser l’obstacle. C’est aussi accepter que l’épreuve nous transforme radicalement, s’immerger dans un bain duquel on ne ressort pas indemne. Entrer dans la sobriété.

Souffler sur les couches superflues pour atteindre l’essence du joyau qu’est la vie.

Et l'embrun nous baptise de joie.

Voici donc la proposition, et elle n’est pas des moindres, passer de souffrir à surpasser. Avec notre entièreté pour soutient.

Élevons-nous au-delà de la souffrance.

Soyons vaillamment vulnérables.

 

Marine Bernard

Juin 2020 - Crédit photo : Marine Bernard - Lieu de la photo : Lapenne, France

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