Information

Je suis la seule à être informée exactement comme je le suis. Le moindre fragment cellulaire, la moindre connexion synaptique, le moindre battement de cil.

Une partition d’information unique,
 voilà ce que je suis.

Et en constant renouvellement, qui plus est.
Alors pourquoi douter, ou plutôt, de quoi douter ?

Selon ce postulat, il est tout à fait cohérent que l’information que je porte soit singulière et possiblement différente de mon voisin. Cela n’en fait pas une information moins valable pour autant. Ni plus valable d’ailleurs. Tout le chemin est là.

Découvrir l’information singulière que je suis.

La vivre, la toucher, la pratiquer, la percevoir, la sentir, la saisir.
Une question simple : Où est-ce que je me sens chez moi ?

Vivre trente ans dans l’isolement et puis soudain, se découvrir fondamentalement libre. Parce que ce n’est pas ce qui est fait qui importe, mais bien comment cela est fait. À l’intérieur même du mouvement. Comme un mouvement au repos. Deux parties, deux pièces qui s’emboitent à la perfection sans demandes ni contingences.
Une seule paire.
Un roulement de dé.
Et une multitude de possibilités.

Avoir foi.
Ou plus précisément, vivre l’essence intime qui ne doute pas.
Là, l’isolement n’est pas.
Là, l’impertinence est reine.

J’accuse les déflecteurs et tortionnaires au service de la bienséance. Les meurtriers de la différence. Ils assassinent la diversité du visage de Dieu. Ils coupent les veines de l’efflorescence. Mouillés et dénudés, les lambeaux de chair tombent par paquet et s’étalent sur le sol tourmenté.

L’effroi me gagne quand je me découvre monstre sanguinaire. Tous ces crimes sont fait de mes mains et de nulle autre. Car je les porte ces piétineurs du germe nouveau. Eux aussi, bien masqués des fois.

Une percée s’invite depuis la nuit lointaine et enveloppe celui qui marche dans l’immobilité. Ses pas sont libérés et sereins. Il flotte entre chaque pas enclume.
Ainsi la légèreté de sa vie n’a d’égal que la solidité de sa posture.
Rien ne défaille. Car tout est créé dans l’instant et tout se décrée au suivant.

Un large sourire empli la pièce de lumière et une brise dorée fait son entrée.
Je ne suis plus celui qui écrit.
Je suis celui qui lit.

Et chaque ligne est un battement de coeur salvateur de ce qui se vit.
Il est incompris car incompréhensible.
Il est subtilement palpable dans son état de grâce et de volupté.

Ce n’est pas la tête, ce n’est pas le coeur ni l’esprit,
 c’est l’envers qui écrit.

Rebrousser le poil, remonter le courant, écrire à reculons.
L’étonnement est au rendez-vous, l’inconnu se présente et la détente l’accompagne.

Il est bon de laisser couler sans volonté.
La volonté est fatigante.
Vouloir est tellement fatiguant.
Quitter, tout simplement.
Ne pas réfléchir plus loin car c’est déjà trop loin.

Moi, en tout cas, je m’arrête là.

 

Marine Bernard

Octobre 2020 - Crédit photo : Marine Bernard - Lieu de la photo : île de Wight

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