L’épiphanie c’est la manifestation d’une réalité cachée. C’est apparaître, affirmer le socle sur lequel sont posés les pieds et montrer ouvertement où s’en va notre dévotion, de quoi nous sommes ardemment au service.
Comme le disait si justement Jacques Maritain dans Humanisme intégral :
« L’action est une épiphanie de l’être. Si la grâce nous prend et nous refait par le fond de l’être, c’est pour que notre action tout entière s’en ressente et en soit illuminée. »
Alors, si l’action est une épiphanie de l’être, faisons en sorte que celle-ci soit l’exact reflet de ce que nous sommes. Car, en se montrant tel quel et sans altération, dans l’intention de révéler pour élever, la manifestation posée dans le monde sera très exactement en accordance avec la vibration que nous sommes. Et la réponse parfaitement ajustée ne pourra qu’en découler.
Car c’est en livrant tout, en donnant tout que l’on peut tout recevoir, en justesse.
Et une réponse juste, ajustée à la vérité que nous sommes, est infiniment plus savoureuse qu’une réponse offerte à une émission incomplète de notre part.
Si l’on pense devoir faire ou être comme ceci et que là est notre manifestation au monde, la réponse à cette émission sera très juste pour celle-ci mais tellement à côté de notre nécessité.
D’où l’importance de ralentir et écouter avec attention le dialogue interne.
Être fondamentalement ce que l’on manifeste et être profondément en accord avec nos émissions. Dans cette posture, le vertige peut nous prendre à la gorge car la proposition est celle-ci : être neuf éternellement.
Puisque toute mort est écartée et que le choix ne se porte que sur ce qui est vivant.
Mais là réside une difficulté, ce à quoi l’on tient peut faire partie du monde des morts. C’est alors que, dans l’émergence de ce constat, cela doit être abandonné avec force et maturité tout simplement car la voie présentée à cet endroit est une voie sans issue, un rond point sans sortie.
Choisir la mort par confort ou conformisme tue. C’est la laisser régner sur notre royaume et l’assécher.
Revenons alors aux fondements :
Qu’est-ce qui fait joie ?
Par où palpite la grâce ?
Quelle est la voie qui mêne à l’union ?
Par où s’installe la plénitude ?
Depuis l’affirmation de soi, au plus proche de soi.
Dépouillé des conventions, des idéaux, des illusions et des projections.
Dépouillé de tout ce qui est froid et mort.
La vérité nue.
Ce qui vit.
Ce qui est.
Ce qui brûle.
C’est une révélation de soi au monde par la présence dépouillée des lambeaux morts de notre personnalité.
Avoir la connaissance que l’on ne sait absolument rien c’est avoir le courage de tout remettre en perspective et de se confronter à l’unique question :
« Qu’est-ce qui est vivant aujourd’hui ? ».
Pour ensuite, livrer cette vérité dans le monde par l’épiphanie.
Là notre royaume peut prospérer, fleurir et s’adoucir.
Pour finalement avancer avec le sourire car nous marchons vers la résolution des paradoxes et l’apaisement des luttes. Nous marchons vers la dissolution de la mort pour entrer dans la vie.
Celle qui luit.
Sans interruption.
Marine Bernard