Avec nos esprits trop occupés, ce qui est salvateur ce n’est pas ne rien faire, mais plutôt faire les choses pour rien.
S’abandonner librement dans une activité sans que cela ne serve particulièrement à quelque chose. Y aller en innocence et se laisser surprendre par la destination. Libre de résultat précis, l’éternité peut se glisser dans l’acte jusqu’à en imprégner les sens.
Alors faire les choses pour rien, oui, mais ajoutons par amour.
Car toute la nuance est là, il ne s’agit pas de glisser dans un monde insipide et fatigué, que du contraire.
Faire les choses pour rien et par amour, c’est là, la plus grande qualité de vie.
Combien d’actions menées ce jour pour lesquelles la finalité est déjà mortellement figée ? Cocher les cases d’une liste à rallonge et se satisfaire de l’accomplissement de chacune d’elle. Mais alors, quels espaces abandonnés – et pourquoi pas offerts – à la spontanéité ?
La concentration, oui, mais pas à n’importe quel prix. Tout du moins pas celui de la constriction ni de l’automatisation. Pour ce faire, la souplesse est une alliée de choix.
S’arrêter un temps. Gouter l’instant. Palper la perméabilité au murmure naissant.
La simplicité du moment en fait une partition unique comblant instantanément l’avidité de la recherche d’un ailleurs plus complet. C’est une voie de guérison.
Aller à revers de ce monde qui coure dans tous les sens pour des causes à soutenir, des désirs à assouvir, des manques à remplir en s’engageant sur une voie inverse, celle de la disponibilité et de l’étonnement. Celle de l’innocence.
Celle qui ouvre plutôt que celle qui prend.
C’est le mouvement contraire de soi vers l’autre, c’est être à l’affut, patiemment, de l’étincelle qui fera frémir nos êtres. Cette note inattendue qui interpelle l’oreille. Cette vibrance qui exalte l’oeil jusqu’à percevoir les langages subtils de la terre.
Pour rien et par amour.
Ça fait tout.
Marine Bernard
2 réponses
Magnifique texte, Marine.
Tu as mis de la poésie dans ma journée et pour longtemps encore.
Merci à toi.
Françoise 5
Avec joie Françoise, merci pour ton commentaire.