Élever c’est porter à un degré supérieur. Se retrousser les manches et puiser dans la boue pour entrer en contact avec l’argile de nos vies. Cette matière première sur laquelle sont posés nos pieds. Faire comme ces chercheurs d’or qui, sans cesse, glanent les rivières. Trouver les ressources, absorber les nutriments et ériger notre destinée au plus haut, au plus loin jusqu’à atteindre la circonférence. Ainsi s’émancipe la fleur de lotus.
Fuir l’accablement, le haïr en le mettant de côté car il ne mène qu’au désespoir et à l’enfermement. La paralysie est l’unique fruit qu’il puisse engendrer.
Avec courage, admettre et regarder les lambeaux de chair qui nous font souffrir. Accepter d’être mis à terre et se laisser façonner par cette volonté prédominante. Puis, avec patience et douceur, revenir au centre par le choix conscient d’un regard tourné vers le vivant. Enfin, se relever en emportant la totalité, dont toutes ces parts de soi injuriées, car cette diversité témoigne de la beauté du visage unique.
Le drame n’est qu’une histoire qu’on se raconte, un sentier d’habitudes, un voile à transpercer par un regard invitant la nouveauté sur une situation donnée.
L’inattendu, l’impensable, l’inconcevable peut alors s’engouffrer pour révolutionner l’entièreté du jeu qui parait tellement fixe et prémédité qu’il en est consternant. L’arrêt de ce carrousel figé dans une sempiternelle ronde statique génère un silence nécessaire à l’abolition des carcans. Descendre de sa monture avec véhémence et faire ses premiers pas de côtés, claudiquants. Là, rester vigilant quant aux raccourcis qui se destinent aux impasses et se connaitre – se reconnaitre – assez pour emprunter la transversale qui annonce l’élévation. On ne va jamais plus loin que la profondeur qu’on porte mais encore faut-il plonger pour la rencontrer.
Avoir foi peut induire l’immobilité. La connaissance, elle, soulève l’action.
Écrire par nécessité de lire ce qui nourrit.
Chanter par nécessité d’exprimer une voix intime.
Peindre par nécessité de manifester les paysages intérieurs.
Marcher par nécessité de rencontrer sa propre diversité.
Danser par nécessité d’entendre le rythme premier.
Façonner par nécessité d’imprégnation de la présence.
Écouter par nécessité d’aimer en abondance.
Élever par nécessité de vivre au-delà de la souffrance.
Marine Bernard