Le jour où j’ai arrêté de penser que j’avais un problème, mon cœur s’est ouvert et le ciel s’y est engouffré.
Abriter un combat incessant dans le ventre, une insatiable guerre : l’insatisfaction. Chercher à tout prix d’atteindre l’existence absolue, celle qui nous rendra parfaitement heureux. Suivant les injonctions, les codes de la vie éducative et sociétale. Courant après un rêve qui n’est même pas le nôtre. Un peu plus de ceci, un peu moins de cela. Essayer de se démarquer tant bien que mal, et se manquer la plupart du temps. Vous en reprendriez bien encore un peu ? En fait non, c’est assez merci.
La révolution commence par abandonner toute idée de soi, toute volonté, toute contraction.
Le jour où l’on abandonne tout, le cœur s’ouvre, le ventre se détend et le regard se dépouille de toutes ses œillères. La tranquillité s’installe.
Abandonner c’est être dans l’abondance. Et si abonder c’est aller dans le même sens, adhérer au chemin de la vie en souplesse c’est vivre l’abondance.
En effet, s’il n’y a plus rien à atteindre absolument, l’absolu peut se manifester là, ici, partout.
Si l’on y regarde de plus près, l’abondance est une richesse qui vit éternellement à partir du moment où elle n’est ni rattachée à des biens matériels ou immatériels ni limitée dans une forme précise. Elle se retrouve aussi bien dans une chaleureuse accolade que dans une gifle monumentale. Cette abondance-là, liée à l’abandon, est une richesse qui n’alourdit pas. C’est un subtil parfum qui émane et qui nous enveloppe copieusement.
L’abondance c’est donc être nourri en substance. Libéré de toute idée conceptuelle sur le manteau que devrait revêtir la vie – selon la couleur, l’épaisseur ou le goût – le chemin se traverse possiblement dans l’allégresse sinon dans une joie tranquille qui s’apparente à la paix.
Abandonner le doute, à savoir le raisonnement froid, est également nécessaire.
Toutes les subtilités de la vie passent complètement sous le radar du regard contrôlant. Il est essentiel de développer l’œil innocent, celui qui est neuf de tout objet et vierge de toute mémoire.
Enfin, abandonner c’est se dépouiller de la mort. Quitter définitivement nos vieux schémas, nos concepts obsolètes et nos pensées chaotiques pour entrer dans la vie, celle qui palpite.
L’abondance c’est se sentir vivant et vivre selon ce principe simple : « Je est, et cela est tout. ».
En conclusion, l’abandon engendre l’abondance. Et l’abondance apporte la prospérité car vivre l’abondance éveille la croissance, naturellement.
L’émancipation de tout soi en une expression singulière et savoureuse.
Unique et pourtant recevable par tous.
Ainsi, au nom de la vie qui s’écoule, abandonne.
Marine Bernard