Prospérité

La bible de Jérusalem nous rappelle dans la Genèse (Gn 1, 27-28) :

« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez […]. »

Non sans vouloir entrer dans une étude approfondie de la Genèse, il est cependant intéressant de s’arrêter sur plusieurs faits énoncés ici.

Tout d’abord, « Dieu les bénit ». Que ferions-nous si nous portions, à partir d’aujourd’hui et de manière inébranlable, la certitude que nous sommes bénis ? C’est-à-dire que, avant toute chose et en toute chose, nous portons la bénédiction de Dieu. C’est un droit, un socle sur lequel nous pouvons nous appuyer avec force car il n’est ni bancal ni péremptoire. C’est cadeau, c’est là. Indiscutablement. Un possible de sortir définitivement d’une solitude glaçante et d’entrer avec confiance dans la foi. Comment ?

Dire oui, éperdument.

Ensuite, « Soyez féconds, multipliez ». Ou dans d’autres traductions : croissez, fructifiez. Si l’on sort d’une lecture ordinaire, les verbes croître, multiplier et fructifier portent une dimension mystique intéressante. Bien plus que perpétuer l’espèce charnellement parlant, c’est une invitation à se dévoiler et à livrer la plus fine part de soi. Celle qui a été mâchée, ruminée, aiguisée. Celle qui porte l’essence et qui, pénétrant les oreilles et les cœurs, délivre une substance qui est emportée bien au-delà.

Si l’on en revient au terme prospérité qui vient du latin « prosperus » (pro, en avant et spiro, souffler) qui pourrait se traduire par : qui souffle en avant, on peut s’élever au-dessus d’une première lecture physique pour entrer dans une lecture plus métaphysique.

Du point de vue de la simplicité, la prospérité découle naturellement de la vie quand celle-ci n’est ni contrainte ni cloisonnée. L’élan de vie pousse la graine à germer, porter une fleur, puis un fruit qui porte lui-même les graines du cycle suivant. Le souffle se déploie spontanément vers l’avant. La croissance s’installe sans questionnement. Ainsi, la prospérité c’est être fertile.

En tant que graine, quelle sera notre fleur, notre fruit, notre parfum ?
Quel goût, quelle empreinte laisserons-nous ?
Quelle sera la continuité du souffle qui nous anime ?

Effectivement, nous parlons bien d’un mouvement qui souffle en avant. Le souffle se crée vers l’avant depuis l’assise que nous portons dans le bassin. Il ne s’agit pas d’attendre avidement que quelque chose arrive face à nous. La prospérité naît de notre mouvement, de notre élan vers l’avant. Notre part réside en cela, et c’est capital.

Si notre droit primordial c'est être bénit, notre devoir fondamental est celui-ci : agir.

Enfin, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. ».

Si l’on part du constat que l’homme est à l’image de Dieu : quelles actions, quels choix, quelles paroles allons-nous porter ? Quelle création allons-nous engendrer ? Et comment allons-nous nous ériger dans cette noblesse que nous sommes ?

Néanmoins, laissons de côté la volonté de faire quoi que ce soit, rappelons qu’il s’agit ici d’un souffle en avant. Portant la vie et œuvrant en son sens, nous sommes dans l’abondance et spontanément, ce que nous engendrons et là où nous œuvrons, la vie perdure et s’émancipe.

Alors soutenue par la tranquillité qui nous habite, la vie élève notre royaume dans la prospérité.

 

Marine Bernard

Mars 2020 - Crédit photo : Marine Bernard - Lieu de la photo : Jérusalem

Vous avez aimé ? Partagez !
Facebook
Twitter
LinkedIn

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *